Ce colloque est proposé par la Fondation Singe- Polignac les 23 et 24 octobre. Il sera retransmis en live sur https://singer-polignac.tv/
L’histoire des catholiques de rite grec, ou « uniates », reflète les tensions qui se trouvent aux origines de l’actuelle guerre russo-ukrainienne. Ce colloque international a pour objectif de mieux faire comprendre l’histoire d’une minorité méconnue en France, voire en Europe occidentale. Cette perspective paraît d’autant plus pertinente que l’impact de l’uniatisme sur la redéfinition récurrente des frontières à la fois politiques et culturelles, remodelant un immense espace situé à la croisée des anciens empires russe, ottoman et autrichien, pèse de tout son poids sur les reconfigurations géopolitiques en cours, affectant l’Europe orientale.
A partir du pontificat de Grégoire XIII (1572-1585), un regain d’intérêt pour les chrétiens orientaux donna lieu à un modèle unioniste post-tridentin acceptant dans l’obédience pontificale différentes Églises orthodoxes locales, sises sous l’autorité de monarchies catholiques en Europe orientale et au nord de la Péninsule balkanique. La constitution de ce réseau uniate posa le problème de la redéfinition des appartenances communautaires à l’intérieur d’un ensemble culturel commun, issu de l’ancienne Slavia orthodoxa.
Malgré les persécutions systématiques subies au fil des siècles, les uniates marquèrent les identités impériales, communautaires et régionales, affermissant les rapports entre les appartenances confessionnelles et les revendications nationales. La politisation de ces Églises catholiques de rite oriental, avec leur cheminement ecclésiologique, restent une des raisons majeures de leur destin mouvementé ou du moins complexe jusqu’à nos jours. Après la restauration du patriarcat de Moscou en 1943, les Églises gréco-catholiques de l’Europe du Centre-Est durent affronter une offensive transfrontalière destinée à établir un front panorthodoxe voulu par Staline après 1945. Les accents qui marquèrent cette diplomatie ecclésiastique, largement pénétrée par la rhétorique politique déployée par le pouvoir soviétique sur la scène internationale, se retrouvent aujourd’hui chez Vladimir Poutine et le patriarche Cyril aux côtés des références à la politique impériale du XIXe siècle, largement répressive.
Organisateurs
Kerstin S. Jobst (Institut d’histoire de l’Europe de l’Est, Université de Vienne),
Francine-Dominique Liechtenhan (Centre Roland Mousnier, CNRS, Sorbonne Université),
Laurent Tatarenko (Centre de civilisation française et d’études francophones, Université de Varsovie /Institut d’histoire moderne et contemporaine, CNRS).
Coordination scientifique : Xavier Labat Saint Vincent (IRCOM, Sorbonne Université)
Avec le concours du Centre Roland Mousnier (UMR 8596, CNRS, Sorbonne Université), de l’Institut de recherche sur les civilisations de l’Occident moderne (IRCOM, Sorbonne Université), du Centre de civilisation française et d’études francophones (CCFEF), Université de Varsovie, de l’Institut d’histoire de l’Europe de l’Est, Université de Vienne, ainsi que des Instituts français de Pologne et d’Ukraine.