2- Les Églises orientales catholiques du Proche-Orient : histoire et enjeux ecclésiologiques
Christian Cannuyer
Argumentaire
Dès l’époque des croisades, l’Église romaine a conçu de ramener dans son giron des communautés chrétiennes du Proche-Orient « séparées ». L’« uniatisme » – jugé par d’aucuns comme un contre-modèle de l’Unité –, a acquis sa forme institutionnelle au XVIe s., avec la formation de l’Église chaldéenne catholique (1553). Le processus s’est intensifié du XVIIe au XIXe s. grâce à l’action des ordres religieux missionnaires soutenus par la Congrégation romaine De Propaganda Fide et imbus de la supériorité de la tradition latine, même si Rome entendait garantir aux Églises « unies » leur autonomie canonique et liturgique.
Le XIXe siècle sera pour ces Églises un temps d’épreuves dans la fidélité, l’autoritarisme croissant du St-Siège suscitant de graves crises. Il faudra attendre le pontificat de Léon XIII pour assister à la relance d’un uniatisme plus respectueux des traditions orientales.
À la suite de Vatican II, où elles avaient pourtant porté haut la voix de l’Orient, la posture ecclésiologique des Églises orientales catholiques sera remise en cause, beaucoup voyant en elles un obstacle à l’œcuménisme plutôt qu’un pont entre l’Orient et l’Occident. Le document de Balamand (1993), élaboré par la Commission mixte internationale pour le dialogue entre orthodoxes et catholiques, a tenté de clarifier la question, en tenant compte des critiques « orthodoxes » mais en affirmant aussi le droit de ces Églises à exister, à jouer un rôle dans le dialogue œcuménique et dans celui avec l’islam, et à négocier leur avenir. Les ambiguïtés de la réception de ce document révèlent que la question des Églises orientales catholiques, le « cactus uniate », reste une pierre d’achoppement pour le dialogue œcuménique. Cela n’empêche pas de mesurer à leur juste valeur leurs apports remarquables au christianisme oriental et aux sociétés du Proche-Orient.
Plan du cours
I. Introduction. Définition et enjeux.
II. L’« uniatisme », des croisades à la veille de Vatican II.
III. Panorama des Églises catholiques orientales du Proche-Orient, de leurs spécificités, de leurs histoires propres.
IV. Points de vue ecclésiologiques anciens et nouveaux sur l’« uniatisme ».
V. Le document de Balamand (1993). Ses enjeux, sa réception.
VI. La situation des Églises catholiques orientales dans le contexte œcuménique actuel.
VII. Le rôle des Églises catholiques orientales dans le dialogue avec l’Islam et dans un contexte proche-oriental traumatique.
Pédagogie et méthodologie
Le cours revêt le profil d’un exposé académique, mais soutenu par un diaporama richement illustré et par le recours à de nombreux documents textuels ou visuels. Des témoignages extérieurs seront sollicités. Les étudiants sont constamment invités à réagir et à entamer le débat.
Bibliographie
• Joseph Hajjar, Les chrétiens uniates du Proche-Orient, Paris, Seuil, 1962 (réimpr. Damas, Dar Tlass, 1995).
• Jean-Claude Roberti, Les Uniates, Cerf (Bref), Paris, 1992.
• Christian Cannuyer, « Uniatisme », in Catholicisme, Hier, aujourd’hui, demain, t. XV, fasc. 70, Paris, 1997, col. 455-483 (un PDF sera communiqué aux étudiants).
• Comité mixte catholique-orthodoxe en France, Catholiques et orthodoxes : les enjeux de l’uniatisme. Dans le sillage de Balamand, Paris, Bayard/Fleurs-Mame/Cerf, 2004.
• Bernard Heyberger, Les chrétiens du Proche-Orient au temps de la Réforme catholique (Syrie, Liban, Palestine, XVIIe-XVIIIe siècle), 2e éd., École française de Rome, Rome, 2014.
Validation
Travail écrit. Résumé et analyse critique d’un article scientifique proposé par l’enseignant.